logo psy                      Nathalie Pernet                    logo psy

      université Poitiers                                                                                            CAPS

 

UNIVERSITÉ DE POITIERS

École Doctorale « Cognition, Comportements et Langage(s) » (ED 527)

Laboratoire Clinique de l’Acte et PsychoSexualité (EA 4050)

 

Nathalie PERNET

THÈSE

En vue de l’obtention du

Doctorat de Psychologie clinique

 

Étude clinique du rentissement psychique du suici de la figure paternelle sur le processus d'adolescence

 

Thèse dirigée par

Pascal-Henri KELLER

Et

Marion HAZA

Présentée et soutenue publiquement

Le 20 novembre 2015

Composition du jury :

Monsieur le Professeur Pascal-Henri KELLER, Directeur de thèse Université Poitiers

Madame Marion HAZA, Co-Directrice de thèse, Maître de Conférences Université Poitiers

Madame le Professeur Marie-Frédérique BACQUÉ, Rapporteur Université de Strasbourg

Monsieur le Professeur Florian HOUSSIER, rapporteur Université Paris 13

Monsieur Patrick BEN SOUSSAN, Pédopsychiatre

Centre Régional de Lutte contre le Cancer, Marseille

Monsieur Jean-Jacques CHAVAGNAT, Pédopsychiatre

Centre Hospitalier Henri Laborit, Poitiers

Monsieur le professeur Daniel DERIVOIS, Université de Bourgogne Franche-Comté

Madame Nathalie De KERNIER, Maître de Conférences, Université Paris 10

REVUE DE LA LITTÉRATURE

Introduction

Dans le cadre de cette étude clinique concernant le retentissement psychique du suicide d'une figure paternelle sur le processus d'adolescence, une revue de la littérature a été menée à partir des mots clés « suicide, mort, deuil, parents, adolescence » jusqu'en 2015. Cela a contribué à construire une approche en connaissance de ce que la recherche peut apporter sur le sujet. Les études associant la question spécifique du suicide d'un père avec celle du processus d'adolescence semblent peu fréquentes. Il ne semble pas y avoir de protocole de recherche en psychopathologie psychanalytique mis en place pour cette population d'adolescents endeuillés.

La clinique du deuil après suicide est un objet de recherches médicales, psychologiques, sociologiques, philosophiques, anthropologiques. Le suicide concerne toutes les catégories d’âge et les deux sexes. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS Genève, 2014), environ 800 000 personnes meurent par suicide chaque année dans le monde.[1]

La France est le pays européen le plus touché par le phénomène du suicide. Avec près de 11 400 décès par an,[2] les classes d'âge, dites « actives » sont les plus touchées, notamment celle des 35-64 ans susceptible d'être parent d'adolescent : 5 874 décès (56,3% du total des suicides) dont 4 287 hommes (41,1% du total des suicides – 56,4% des suicides masculins) et 1 587 femmes (15,2% du total des suicides – 56,1% des suicides féminins) (CepiDc-Inserm 2010). Toutefois, les phénomènes de sous-déclaration estimés aux environs de 20%,[3] porteraient ce nombre aux alentours de 13 000,[4] tandis que ce taux varie de 7 à 13 pour 100 000 habitants dans des pays comme l’Italie, la Grande-Bretagne ou les États-Unis.

En 2001, l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) a calculé que le nombre d’années potentielles de vies perdues,[5] en France par suicide, était de 335 pour 100 000 personnes (511 pour les hommes et 160 pour les femmes), soit 8% du total des années de vies perdues pour cette année-là. À titre de comparaison, les tumeurs malignes représentaient 26% des années de vies perdues en 2001.[6]

D’une part, un fait marquant, la surmortalité masculine : en France, 3 décès sur 4 concernent des hommes. D’autre part, la dernière étude spécifique, publiée sur le nombre d’orphelins en France, date de 1947.[7] De surcroît, nous sommes actuellement à l’apogée du mouvement de poussée démographique de la jeunesse en France. Les 12-20 ans représentent 12,9% de la population : 7 millions d’individus. (Haut Comité de la Santé Publique, 2000).

Toutefois, l’importance relative du suicide par rapport aux autres causes de décès est maximum vers 30 ans : les décès par suicide représentent en effet la deuxième cause de mortalité pour la classe d’âge des 25-34 (21%), après les accidents de la route (30%).[8] Le suicide représente également la deuxième cause de mortalité chez les 35-44 ans (15% des décès). La part des suicides, dans la mortalité globale, décroît ensuite jusqu’à atteindre 0,3% chez les personnes âgées de 85 ans ou plus.

Notons l'importance des modes de suicide : En France, le mode de suicide le plus fréquent est la pendaison (45% des suicides en 2002), suivi par l’utilisation d’une arme à feu (16%), puis l’intoxication (15%). Cependant, les modes de suicide demeurent très différenciés selon le sexe, ainsi que l’âge. Mais, la pendaison reste le premier mode de suicide chez les hommes quel que soit l’âge, tandis que l’ingestion de substances toxiques est le premier mode de suicide chez les femmes.

Quelques études ont montré que la disponibilité plus ou moins grande de certains moyens potentiellement létaux pouvait avoir un impact sur l’importance et l’évolution du suicide[9]. Aux États-Unis, le taux de suicide par arme à feu est 6 fois plus important dans les états où la législation facilite la possession d’une arme à feu, et cela a également une incidence sur le taux global de suicide qui est alors plus élevé de 40%.[10]

Mon étude clinique se situe géographiquement dans la région Poitou-Charentes, qui est en situation de surmortalité par suicide par rapport à la moyenne française.[11] Avec un taux comparatif de suicide, en France métropolitaine en 2011, de 21 décès par suicide pour 100 000 habitants en moyenne, elle se situe au 6ème rang des 22 régions de métropole où le taux est élevé : 7ème rang chez les hommes (34 décès pour 100 000 habitants) et 10ème rang chez les femmes (9 décès pour 100 000 habitants).

Cette revue de la littérature aborde les pistes dégagées par l'étude clinique concernant le retentissement psychique du suicide d'une figure paternelle sur le processus d'adolescence. D'ores et déjà, on peut noter un manque de recherche en psychologie clinique sur notre sujet.

Pour conclure, j’observe que les données recueillies n’intègrent pas le contexte de la situation familiale des personnes suicidées (la perte d’un parent au cours de l’enfance et/ou de l’adolescence).

1 Le suicide

Trois facteurs sont intervenus ces dernières décennies, dont les travaux théoriques, issus de l'expérience clinique de Erwin Ringel (1921-1994), Pierre-Bernard Schneider (1917-2005) et Erwin Stengel (1902-1973) sur l’étude clinique du suicide.[12] Ils ont décrit les différentes fonctions du geste suicidaire (fonction d'appel, de fuite...) parallèlement, à la constitution en Amérique du Nord de Centres de Prévention du Suicide, à partir du modèle expérimental de Los Angeles en 1958, créé par Norman Farberow, Edwin S. Shneidman (1918-2009)[13] et Robert E. Litman (1922-2010).[14]

  1. E. Shneidman, psychiatre, psychologue et professeur de thanatologie propose une théorie sur le suicide dont le fil rouge est la souffrance psychique. Il crée le terme « psymal » qui vient supporter la notion de « frustration des besoins », dégagée par le psychanalyste américain Henry A. Murray (1893-1988).[15]

La frustration, la contrariété, la non satisfaction des besoins psychologiques et physiques, perçus comme étant vitaux par le sujet, à la suite d'un événement ou d'un traumatisme, provoquent une souffrance psychique qui peut mener au suicide (Shneidman E, 1998, 1999a). Au moment d'une crise suicidaire, lorsque la souffrance est à son maximum, l'attention du sujet reste fixée sur certains besoins vitaux, considérés essentiels et indispensables pour continuer à vivre. En 1998, il identifie huit besoins impliqués dans le suicide : les besoins d'affiliation, de contre-attaque, de défense, d'intégrité, d'évitement de la honte, de réconfort (être aimé et compris), d'ordre et enfin de compréhension.

Selon E. Shneidman, la douleur et l'échec ressentis ne seraient apaisés que par l'acte suicide. Ces événements du présent et du passé, c'est-à-dire issus de l'histoire personnelle du sujet, révèlent une vulnérabilité propre à chacun. Ce qui implique que le suicide est un phénomène interpersonnel. Il implique au moins deux personnes : parent/enfant, époux/épouse... (Shneidman E, 1989). Antoon A. Leenaars (1988-1996) explique que le suicide est porteur d'une « souffrance interpersonnelle ».

Le « psychache » (en anglais) ou « psymal » (en français) est le terme employé par E. Shneidman pour désigner la souffrance dans les cas de suicide. Ce concept est la pierre angulaire de sa théorie. E. Shneidman définit le « psymal » : « (…) se rapporte à la douleur, l'angoisse, le regret, la souffrance, la misère qui nous torturent l'esprit. C'est la souffrance intensément ressentie de la honte, de la culpabilité, de l'humiliation, de la solitude, de la perte, de la tristesse, de la terreur de vieillir ou de mal mourir ».[16]

Le « psymal » est l'expérience introspective d'affects déplaisants. C'est une « métadouleur »  (« metapain », Shneidman E, 1989) : une douleur métapsychologique (Shneidman, 1991), une douleur sur une douleur, un mal d'avoir mal. Les autres indices étudiés et mis en lien avec le suicide : l'agressivité, l'absence d'affects, le désespoir, la dépression, la pauvreté, l'isolement social ne sont pertinents que dans leur relation avec le « psymal », de même pour la douleur physique qu'il distingue de la douleur psychologique, qui n'explique le suicide que si cette dernière est prédominante. Le « psymal » serait donc la variable la plus proche du suicide, sa cause ultime.

Pour E. Shneidman, le suicide exprime que le seuil de tolérance à une souffrance psychique a été franchi : « Je ne peux plus tolérer cette souffrance ». Au-delà de ce seuil, ce qui arrive sera ressenti, interprété, déformé par le sujet suicidaire comme inacceptable : « Je ne veux plus endurer cette souffrance ». Cette souffrance psychique, spécifique, mène à la décision de se suicider et vient donner sens à la conduite suicidaire.

Selon E. Shneidman, les facteurs de risque suicidaires se manifestent avec l'apparition de deux types d'indices : verbaux et comportementaux. C'est la découverte capitale, faite par le premier centre de prévention du suicide à Los Angeles : « Les indices sont des signes observables qui précèdent (et dans un sens annoncent) l'événement qui nous intéresse ».[17]

Les indices verbaux « (… ) sont des propos tenus par une personne et qui peuvent être interprétés comme signifiant qu'il est en train de faire ses adieux, de communiquer de façon indirecte, voire directe, qu'il ne sera plus de ce monde... »

Les indices comportementaux « (…) constituent un défi d'une autre nature pour le sauveteur potentiel. Il s'agit d'actes qu'entreprendrait toute personne se préparant à faire un long voyage ». (Écrire ses dernières volontés, partager des objets de valeur, mettre à jour ses comptes...). « Bien sûr, le nombre de personnes qui manifestent ces indices est infiniment plus important que celui des suicidés effectifs ».

Il a repéré ces indices grâce à la collecte de deux types de données, prospectives et rétrospectives. Les données prospectives concernent les signes avant-coureurs d'un suicide et les données rétrospectives sont constituées du recueil des données des « autopsies psychologiques ». Du point de vue rétrospectif, il observe le poids de l'histoire familiale et environnementale du sujet, son discours prospectif comme mesure d'un trouble du comportement selon la théorie que dans tout suicide : « Il s'y trouve un certain degré de dissociation entre l'intellect et l'affectif qui s'expliquerait par le fait que dans tout suicide, il y a en fin de compte, un peu de schizophrénie et d'égarement... »[18]

Robert E. Litman, psychiatre du centre de prévention de Los Angeles, explique la limite de l'action de prévention : « La raison pour laquelle la prévention du suicide, par l'utilisation de ses indices, n'a de meilleurs résultats est que les indices révèlent des multitudes de suicidaires prospectifs et que les ressources pour leur venir en aide sont limitées ».[19]

Pour revenir à E. Shneidman, l'acte suicidaire exprime une intention adressée à autrui. Le sujet cherche plutôt à arrêter de souffrir. D'où les signaux verbaux et comportementaux, adressés à son entourage, pour communiquer son intention (Shneidman E., 1985, 1999a). Le sujet a le désir d'être secouru, de vivre.

Pour résumer, la souffrance psychique, appelée le « psymal » ainsi que l'existence d'une perturbation psychologique, associée à l'idée de suicide comme solution aux problèmes du sujet suicidaire, constitue l'équation du suicide. À partir des quatre éléments constituant les facteurs de la crise suicidaire, E. Shneidman propose « le modèle cubique ou tridimensionnel » (1987, 1989, 1992) du sujet suicidaire, développé à partir d'études de cas, de tests projectifs, de notes de suicidés et d'autopsies psychologiques.[20]

Parallèlement, en 1969, un centre d'études sur le suicide est créé au sein du National Institute of Mental Health qui sera dirigé pendant plusieurs années par E. Shneidman. Ce dernier fut le fondateur et éditeur de plusieurs journaux scientifiques comme le Bulletin of Suicidology et Suicide and Life-Threatening Behavior.

La suicidologie émerge en France, à la suite de discussions entre E. Shneidman et les professeurs J.- P Soubrier, J.- P Vedrine au lendemain du séjour d'études en Amérique du Nord en 1967. C'est le début de la création du Groupement d'Études et de Prévention du Suicide (GEPS), fondée en 1969, selon la loi associative de 1901. Le GEPS (qui s'affilie à l'IASP) rassemble des membres francophones de Belgique, Luxembourg, Suisse, Italie, Espagne, Tunisie, Yougoslavie.

Le but est de regrouper les divers psychiatres des hôpitaux généraux et des centres spécialisés en psychiatrie, alarmés par cette question du suicide, réclamer de meilleures statistiques, avoir des notions épidémiologiques plus précises, assembler les diverses recherches françaises sur le phénomène et s'informer à l'étranger.[21] « Pour un décès par suicide, on estime que l’on peut compter six endeuillés « directs » et vingt personnes au total en rapport plus indirect avec ce deuil ».[22]

Le sondage, réalisé par l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS) avec l'institut de sondages français, SOFRES en 2001, permet d’estimer la part de la population concernée par le geste suicidaire d’un proche. Si le suicide demeure un événement rare, avec 2% des décès en France, les personnes directement touchées sont nombreuses : 35% des Français ont eu à connaître la douloureuse expérience de la mort par suicide d’un proche. Pour 18 %, c’est un membre de leur famille et pour 5%, il s’agit de leur famille directe (père, mère, frère, sœur ou enfant).

Lorsque les études statistiques notent que cet événement a « un impact fort et durable » … l’étude clinique note que les adolescents participant à l’étude expriment de multiples émotions telles la tristesse, la peur, la honte, la culpabilité, le soulagement.

Il est important d'insister sur les effets psychologiques du suicide du père, afin de rendre compte des incidences psychologiques et corporelles sur le processus d'adolescence.

2.2 Recherche sur le retentissement du deuil dans la population générale

Les résultats montrent que la perte d’un être aimé expose au risque accru de développer une pathologie psychiatrique, des addictions, des troubles du comportement autodestructeurs, voire des conduites suicidaires ou des comorbidités somatiques. Après avoir décrit les symptômes, les études en reconnaissent la complexité. Les deuils compliqués amplifient ce risque (Prigerson 1997, Latham 2004, Szanto 2006, Stroebe 2007).

L’éventuelle survenue de ces retentissements a été explorée et comparée chez des groupes de sujets endeuillés en fonction de la cause du décès dont le suicide.

D’après M. Hanus (2004),[23] ce qui distingue le deuil dit « normal » et le deuil dit « traumatique » ne réside pas dans la nature des réactions, mais dans la durée et l’intensité des manifestations, surtout de colère, de rejet, de honte et de culpabilité. Ces sentiments sont amplifiés par le caractère auto-infligé d’une mort dont le suicidant est l’acteur, qui par là se soustrait volontairement à son entourage.

  1. M. Hanus (2008)[24] évoque le sentiment de la honte qui marque le vécu psychique des endeuillés après suicide, conduisant à une diminution de l’estime de soi déjà affaiblie. Cette honte existe sur un plan interne, pour soi, à travers des auto-reproches et des ruminations mais également sur le plan externe, par rapport à autrui et la société. Honte personnelle et honte sociale engendrent une augmentation des sentiments de culpabilité. Ce qui peut entraîner des conduites autopunitives pouvant conduire le sujet jusqu’à s’exécuter lui-même en se suicidant.[25]

Selon le psychiatre Louis Jehel (2009),[26] la notion de deuil traumatique est équivalente pour les auteurs anglo-saxons à celle de deuil compliqué (Kristjanson, Lobb, Aoun et Monterosso, 2006).[27] Cette approche considère le processus de deuil comme étant, avant tout individuel, tenant compte de trois composantes : le contexte de la perte, le milieu culturel et le sens subjectif, associé, à la perte et les mécanismes d’adaptation (Kastenbaum et al (2003),[28] Mitchell et al (2004),[29] Gariano (2007).[30]

Elle a été, initialement, utilisée par le professeur de psychiatrie Holly G. Prigerson et al (2006)[31] dans une publication au décours d’un état des lieux de la recherche sur le deuil (Zhang 2006).[32] Ils expliquent avoir, au départ, préféré ce terme pour souligner la dimension de traumatisme et de détresse dans la réaction de ces deuils tout en craignant le risque de confusion entre ce type de deuil et le syndrome de stress post-traumatique qui constitue une possible comorbidité au deuil.

Rappelons que, pour avoir un effet potentiellement traumatique, l’événement doit représenter une menace, survenant de manière soudaine et non anticipée et s’accompagnant d’un sentiment de terreur, de détresse, d’effroi, de solitude, d’abandon, pour l’intégrité de la personne et dépasser ses possibilités de réaction.

C’est ainsi qu’A. Houbballah, psychiatre et psychanalyste libanais précise que : « Le trauma est toujours consécutif à une rupture, celle de l’homme avec son milieu naturel, avec une image sécurisante, avec un projet idéalisé, avec sa famille, avec un environnement social, et surtout avec l’enfance, garant de son bien-être ».[33]

Les premières recherches sur les processus de deuil ont tenté d’identifier des stades ou des étapes (Parkes, 1971)[34] ; (1972)[35] ; (2001)[36], Bonanno (2001)[37] ; Bonanno et Kaltman (2001)[38].

De Groot et al. (2006)[39] ont comparé deux groupes d’endeuillés, l’un après suicide, et l’autre après mort naturelle. Ils ont observé, chez les premiers, des scores de dépression significativement plus élevés que dans les sujets du second groupe. L’intensité du deuil, à la suite d’un décès lorsque celui-ci n’est pas une surprise, peut être réduit par rapport à un groupe de sujets dont le deuil est consécutif à un décès par suicide car irreprésentable, indicible et inattendu.[40] Cela peut infléchir les mesures de l’impact du décès chez le groupe d’endeuillés après suicide, versus celui par accident, et générer une sous-estimation du retentissement du deuil chez les sujets endeuillés par suicide, comparé au groupe de sujets endeuillés par accident. L'hétérogénéité des caractéristiques des groupes de sujets endeuillés après suicide a souvent été un argument mis en avant, notamment par Bailey ou McIntosch 1988, McIntosch 1996, Sveen 2008)[41] pour expliquer le manque de spécificité des réactions de deuil qui intuitivement étaient attendues.

Cela explique, en partie, les résultats des études portant sur ces groupes d’endeuillés (Sveen, 2008) et la différence comme le déni.

Lors de la conférence de consensus de 2009, X. Pommereau témoigne : « (…) le déni de la mort ou de sa cause réelle, le déni des conséquences sur la vie privée et sociale ».[42]

Le sujet endeuillé peut tenter de se préserver en croyant à un homicide maquillé ou à un accident, supprimant ainsi l’insupportable caractère intentionnel et auto-infligé du suicide.

L'étude d'Isabelle Vandecasteele et al (2004)[43] évoque la survenue d’une sorte de pacte traumatique scellé par le suicidant et le conjoint survivant. Ces auteurs soulignent les conséquences somatiques et psychologiques du deuil après le suicide du conjoint. Ce dernier est, d’une part, confronté à la perte réelle de son partenaire, et d’autre part, à la mort de son couple.

Par ailleurs, le fait d’avoir pu anticiper le suicide peut faire émerger, dans l’après-coup, des sentiments ambivalents, engendrant un intense sentiment de culpabilité. Selon R. Kaës, le « pacte traumatique »[44] se manifeste principalement lorsque le sujet dénie les signes annonciateurs du suicide afin de mettre à distance ce sentiment de culpabilité.

L’hétérogénéité des caractéristiques des groupes d’endeuillés après suicide a souvent été un argument mis en avant, notamment par Bailey ou McIntosh (McIntosh 1988, McIntosh 1996, Sveen 2008)[45] pour expliquer le manque de spécificité des réactions de deuil qui intuitivement étaient attendues.

D’autres auteurs, comme Cleiren et Diekstra[46] ont proposé : « More rently, have suggested that « It is unlikely that the symptomatology of problematic adaptation in suicide bereavement ».[47]

  1. O. T Grad et A. Zavasnik[48] (Sveen 2008)[49] ont observé, au cours de certaines situations de suicide, qu’il n’était pas une surprise.

Certains sujets présentaient un long parcours de troubles psychiatriques éventuellement associés à des antécédents de tentatives de suicide. Ce qui rendait ce geste et son aboutissement final très probables pour la famille et leurs proches. Certains de ces sujets endeuillés éprouvent même parfois un soulagement, sentiment lié à des années de souffrances vécues au quotidien au côté du disparu qui était atteint de sévères troubles psychiatriques.

Seulement, l'étude de Barrett et Scott (1990) concerne une population adulte. En effet, ils comparent quatre catégories de veuves/veufs endeuillés : par accident, par mort naturelle anticipée, par mort naturelle non anticipée et par suicide. Ils constatent, chez les endeuillés après suicide, une très forte présence de symptômes somatiques mais également un large éventail de manifestations dépressives. Leurs réactions sont dominées par des sentiments de désespoir, de rejet, de colère, de culpabilité et de honte. Les conduites auto-agressives et autodestructrices sont également importantes.

  1. M. Hanus cite différents travaux qui confirment l’existence de ces sentiments de honte et de culpabilité intense : les études de Barrett et Scott (1990),[50] Clark et Goldney (1995), Ko­vasky (1989), Reed et Greenwald (1991) et Seguin et al. (1995) corroborent ces constatations.

2 Recherche sur le retentissement du deuil chez l’adolescent

À ce jour, il n’existe pas d’étude clinique qui aborde la question du retentissement psychique du suicide d’un parent sur le processus d'adolescence. Par ailleurs, d’une part, les études connues concernent essentiellement les conjoints, les parents et peu les descendants et d’autre part, rien ne semble être mentionné quant à l’intérêt d’une éventuelle aide psychologique.

L'étude de Cynthia R. Pfeffer et al[51] indique que, selon les périodes de la vie, les réactions empruntent aussi des voies d’expression différentes, avec une prépondérance de réactions comportementales chez les adolescents en raison de la réactualisation des conflits d’identification et des problématiques précoces de séparation-individuation.

L'étude anglaise, à propos des enfants et des adolescents en difficulté psychologique après un deuil[52], dit que 12% avaient perdu un parent par suicide. Pour leur part, celle de A.- C Cain et I. Fast[53] met en avant que sur 45 enfants de 4 à 14 ans ayant perdu un parent par suicide, un quart présente des difficultés nécessitant une intervention psychiatrique.

Quoiqu’il en soit, ces études s’accordent pour expliquer des réactions assez constantes, résumées par Norman L. Farberow[54] qui reconnaît la complexité des émotions entraînant de fortes perturbations relationnelles. Il décrit ainsi des tentatives de suicide et des suicides ; nombreux de ces sujets souffrent d’idéation suicidaire.

Dans son livre, le psychiatre et psychanalyste M. Hanus (1936-2010) passe en revue de manière claire ces Portraits du chagrin, et souligne l’importance de mieux comprendre ce qui se passe pour pouvoir mieux aider les adolescents en deuil. Il fait état d'un recours à : « La rêverie, une certaine passivité, des attitudes de retrait, des conduites à risques, une agitation, des bavardages - cette façon de combler la peur du silence - sont autant de signes, mais également une hypermaturité, une énergie psychique hors du commun qui n’auraient peut-être pas vu le jour dans d’autres circonstances. Il arrive que les chagrins liés à ces deuils d’adolescence s’extériorisent plus tard, lors de deuils ultérieurs ». [55]

Étant donné la spécificité du deuil après le suicide d'un père sur le processus d'adolescence, le domaine d'évaluation concernant l'environnement est à mettre en exergue.

Melhem et al. (2004),[56] étudie, chez l’adolescent, l’exposition au suicide d’un pair. Ce deuil engendre des réactions de deuil traumatique, et ce indépendamment de l’existence préalable de troubles dépressifs ou psychiatriques. Les sujets dépressifs, un mois après le suicide, l’étaient toujours à six mois, douze, dix-huit, vingt-quatre et trente six mois de la perte. Cette étude méthodologique est très consciencieuse. Le but de cette étude était de décrire les symptômes et l'évolution de la douleur traumatique chez les adolescents, exposés au suicide d'un pair. Ces chercheurs étudient la relation entre la douleur traumatique et la douleur de la dépression et le trouble de stress post traumatique (TSPT). Ils concluent que semblables aux adultes, les adolescents éprouvent une réaction de deuil traumatique après une exposition au suicide d'un pair. Leurs recommandations se définissent ainsi : les cliniciens doivent être avertis de la survenue de réactions de deuil traumatique chez les adolescents, de la nécessité d'évaluer ces réactions et de les traiter dans leurs approches de traitement.

Néanmoins, quelle que soit l’importance du lien aux pairs, l'étude de Weiss (1991)[57] affirme que les figures parentales demeurent la première source de sécurité dans les situations de détresse et que la majorité des adolescents maintenait ces figures d’attachement « en réserve ».

D’après les auteurs Smith et George (1993),[58] si la dépression peut fausser la perception du caractère sécurisant des parents, à l’inverse les difficultés du lien d’attachement provoquent des attitudes inadaptées et rendent l’adolescent vulnérable à une réponse catastrophique en cas de difficultés relationnelles.

Ainsi, selon la période de vie et le stade de développement cognitif, affectif et physiologique du sujet, les réactions après exposition au suicide se manifesteraient très diversement.

Selon l'étude de David A. Brent et al. (1993),[59] les adolescents endeuillés après le suicide d’un frère ou d’une sœur risquent davantage de développer un épisode dépressif que les sujets contrôles non exposés au suicide. L’éventail de la symptomatologie dépressive est accru chez les sujets exposés, avec, à 58%, des troubles du sommeil, également 58% de perte d’élan. À 48%, ces sujets manifestent une anhédonie, 36% éprouvent un sentiment de culpabilité développé. 55% des sujets ont des difficultés de concentration, 20% évoquent des idéations suicidaires. Cette étude met également en lumière l’existence d’une corrélation positive entre l’apparition d’un tel épisode dépressif majeur et des antécédents de troubles psychiatriques. Brent souligne également l’intensité des manifestations dépressives chez l’adolescent endeuillé après le suicide d’un pair, d’un ami. Par identification avec le suicidé, le sujet peut être amené à nourrir des idéations suicidaires, voire à adopter des conduites suicidaires.

Une récente étude, menée en Suède par un pédiatre du nom de Holly C. Wilcox, principal chercheur au Johns Hopkins Children's Center (Wilcox et al, 2010) explique que : « Perdre un parent par suicide à un âge précoce apparaît comme un catalyseur pour des troubles psychiatriques et des suicides ». [60]

Cette équipe a examiné les données de registre de la population en Suède : 500 000 dossiers de sujets âgés de moins de 25 ans endeuillés d’un parent mort après un suicide, un accident, une maladie violente. Ce groupe a été comparé à un groupe témoin de 4 millions de sujets âgés de moins de 25 ans non orphelins. Le constat de cette étude montre que le risque suicidaire est trois fois plus élevé si le choc psychologique est survenu avant 18 ans. Il est deux fois plus élevé pour les jeunes âgés de moins de 13 ans. Le risque de décès par suicide est multiplié par deux par rapport à la population témoin. Les jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, auraient un risque moins élevé. Et parce que les résultats de cette étude montrent que le suicide des parents affecte les enfants et les adolescents plus profondément que les jeunes adultes, il est probable que les facteurs environnementaux et développementaux, soient à l'œuvre dans la prochaine génération, disent ces scientifiques : « A loving, supporting environment and careful attention to any emerging psychiatric symptoms can offset even such major stressor as a parent's suicide ».[61]

Cette évaluation n'investit pas les processus et modalités de fonctionnement psychique propre au sujet adolescent, pas plus que le registre défensif, fantasmatique et les représentations inconscientes qui sous-tendent les capacités des adolescents orphelins à exprimer leur vérité subjective singulière. Il manque ce qui, chez ces adolescents vient expliciter leurs symptômes, et leur souffrance. Les études comparent l'impact du suicide du parent sur le devenir des enfants et adolescents en terme de score mais ne prennent pas en compte la dimension psychique des troubles que présentent ces adolescents. Le lien entre le suicide du parent et la construction identitaire et narcissique propre au processus d'adolescence n'est pas pris en compte.

3 Résultats de la revue de la littérature

Les résultats de la revue de la littérature n’intègrent pas de façon systématique la situation familiale des sujets suicidés. Nous souhaitons attirer l’attention sur un facteur primordial pris en considération par l’étude de Wilcox et al. : Celui des orphelins distingué des « proches ».

L’ensemble des données n'investit pas les processus et modalités de fonctionnement psychique propre au sujet adolescent, pas plus que le registre défensif, fantasmatique et les représentations inconscientes qui sous-tendent les capacités des adolescents orphelins à exprimer leur vérité subjective singulière. Il manque ce qui, chez ces adolescents vient expliciter leurs symptômes et leur souffrance. Les études comparent l'impact du suicide du parent sur le devenir des enfants et adolescents en terme de score mais ne prennent pas en compte la dimension psychique des troubles que présentent ces adolescents. Le lien entre le suicide du parent et la construction identitaire et narcissique propre au processus d'adolescence ne sont pas pris en compte.

Peu de travaux sont donc spécifiques au deuil après le suicide du père. Des remaniements psychiques sont nécessairement imposés par cette épreuve de la séparation, de la perte et du deuil sur le processus d'adolescence. Le vécu psychologique de ces adolescents est défini dans la littérature en termes de dépression, angoisse, déni, clivage, sentiment de culpabilité, honte.

Les études, réalisées et les outils méthodologiques proposés, dans le cadre de l'acte suicide du père, permettent difficilement d'explorer la vérité subjective singulière du sujet adolescent confronté à la mort du père.

Aborder ce problème demande d'explorer plus qualitativement le retentissement psychique du suicide paternel.

La littérature révèle l'importance de la perte du père chez les adolescents endeuillés et leur « invisibilité » (Molinié M., 2011), à ce sujet. Il est donc devenu nécessaire d'appréhender, de manière fine et détaillée, leur vérité subjective et singulière à travers leur propre récit.

C'est ce que je propose d'entreprendre à partir du référentiel clinique psychopathologique et psychanalytique. En effet, sur le plan théorique, je me réfère au modèle métapsychologique de l'appareil psychique.

Mon objectif est, à partir de l'hypothèse de l'inconscient, mieux comprendre leurs conduites psychiques et corporelles, leurs processus de pensée, leurs mécanismes de défense.

[1] OMS., Prévention du suicide, l'état d'urgence mondiale, 2014, 89p.

[2] Observatoire National du suicide - 1er rapport, 2 décembre 2014.

[3] Philippe A., 2000., « Épidémiologie des suicides et des tentatives de suicide », Dépression et suicide, sous la dir. de T. Lemperière, Acanthe, Paris, Masson, SmithKline Beecham, p. 3-21.

[4] Mouquet M.- C., Bellamy V., 2006, « Suicides et tentatives de suicide en France », Études et résultats DREES mai 2006, 1-8.

[5] Les années potentielles de vies perdues (APVP) représentent le nombre d’années qu’un sujet mort prématurément n’a pas vécues avant un âge limite, ici 70 ans.

[6] Mouquet M.- C., Bellamy V., 2006, Op. Cit., p. 1-8.

[7] Tabah L., 1947, « Évolution du nombre des orphelins en France », Population, n°1, INED.

[8] Mouquet M.- C., Bellamy V., Op. Cit., p.1-8.

[9] Humeau M., Papet N., et al., 2007, « Disponibilité des armes à feu et risque suicidaire : revue de la littérature », Annales Médico-Psychologiques, Paris, Elsevier Masson, 2007/05, n°4, 269-275, tabl. 42 réf.

[10] Philippe A., 2000, Op. Cit.

[11] Chavagnat J.-J., 2005, Prévention du suicide, John Libbey Eurotex, Paris, Payot, 200 p.

[12] Stengel E., 1958-1968, Attempted Suicide and its Social Signifiance and effects, Oxford Univ. Press, London, 1958, 1968, 135 p.

[13] Edwin Schneidman est le fondateur américain de la suicidologie des années soixante. Il a conduit des programmes d'éducation populaire sur les conduites à tenir en cas de suicide et a formé des experts pour les implanter et les exporter. Ces outils agissent, au niveau du comportement individuel, pour transformer la mauvaise image qu'a de lui-même le suicidaire, en une image positive de « bien-être de soi-même ». Au niveau collectif, il incite, au quotidien, la collectivité à prendre en charge le souci de l'autre en procédant à la formation d'observateurs des conduites des gens de leurs milieux, observateurs capables d'alerter les thérapeutes.

[14] Litman R. E., 1961, The Cry for Help, Mc Graw Hill, New York.

[15] Murray H A., Pour mieux comprendre le suicide, Shneidman (1980a) se sert de la classification des besoins de Murray (1938). Murray a développé la théorie de la personnalité, basée sur les besoins psychologiques, et a créé le Thematic Apperception Test (TAT).

[16] Shneidman E., Farberow NL., 1999, A Socio-Psychological Investigation of Suicide, The Psychology of Suicide, Perspectives in Personality Research, New York, 1960, 240 p, p. 157.

[17] Shneidman E., Farberow NL., 1999, Op. Cit., p. 57.

[18] Shneidman E., Farberow NL., 1999, , Op. Cit., p. 63.

[19]  Litman RE., Farberow NL., 1999a, Op. Cit., p. 59.

[20] Il s’agit de comprendre dans quelles circonstances les tentatives de suicide aboutissent à la mort du sujet. L’étude analyse toutes les morts équivoques pour rechercher dans quelle mesure les sujets décédés avaient contribué à leur propre mort après l’analyse des entretiens auprès de toutes les personnes qui avaient connu le sujet suicidé afin de reconstituer les moments et les antécédents de sa personnalité précédant la mort. Ceci afin d’établir l’intentionnalité et introduire le contexte psychosocial.

[21] Chavagnat J.- J a été le président qui a promu et coordonné la recherche à partir de différentes études cliniques. À ce jour, il est président fondateur de la Fédération Nationale : « Trauma Suicide, Liaison, Urgences » (FTSLU).

[22] Vaiva G., 2008, « Les suicidants et leur entourage », Perspectives psy, 2008/4, Vol.47, p. 330-334.

[23] Hanus M., 2004, Le deuil après suicide, Paris, Maloine, 411 p.

[24] Hanus M., 2008, « Le deuil après suicide », Perspectives Psy, vol 47, n°4, p. 375-383.

[25] Hanus M., 2005, « Les particularités du deuil après suicide », Études sur la mort, 2005/1 (n°127), p. 49-58 : « La honte semble être une expression centrale et particulière du deuil après suicide. Il y a une nette différence au 9ème mois (par rapport à l’autre groupe). En tant qu’expérience centrale elle interfère dans les modalités de relation des endeuillés après suicide avec les autres et les manières dont le soutien leur est donné. Presque tous les parents avaient l’impression d’avoir été en faute quelque part, ce qui remettait en question leurs compétences parentales. Ces endeuillés se sentent embarrassés avec leurs parents et leurs amis. Ils ne se sentent plus des soutiens efficaces pour le restant de la famille. Ce sentiment est extrêmement stressant et blessant car il crée une dissonance dans leur identité (« concept of self ») en mettant au premier plan des actions et des attitudes qui sont en contradiction avec leurs propres idées de ce qu’ils sont ou devraient être » (Séguin M, Lesage A, 1995).

[26] Jehel L., 2009, « Le deuil, le stress post-traumatique, la dépression, le suicide, à la suite du suicide d'un proche », Conférence de consensus : Effets et conséquences du suicide sur l'entourage : modalités d'aide et de soutien, Paris, 25 et 26 novembre 2009.

[27] Kristjanson. L., Lobb E., et al., 2006, A systematic Review of the Literature on Complicated Grief, Common Wealth of Australia.

[28] Kastenbaum R., Doka K.J., et al., 2003, Grief. In R. Kastenbaum (Ed) Mac Millan Encyclopedia of Death and Dying, vol 1, p. 349-394, New York: Thomson & Gale, Macmillan Reference USA.

[29] Mitchell A. M., Kim Y., Prigerson H.G et al., 2004, Complicated grief in survivors of suicide. Crisis, 25(1), p. 12-18.

Mitchell A. M., Wesner S., et al., 2006, Effective communication with bereaved child survivors of suicide. Journal of Child and Adolescent Psychiatric Nursing, 19(3), p. 130-136.

[30] Gariano T., 2007, An evaluation of an adult suicide bereavement support group, Unpublished Master Memoir, University of Calgary, Faculty of Social Work.

[31] Prigerson H. G., Maciejewski P. K., 2008, Grief and acceptance as opposite sides of the same coin: setting a research agenda to study peaceful acceptance of loss. British Journal of Psychiatry, n° 193, p. 435-437.

[32] Zhang B. H., El-Jawahri A., et al., 2006, Update on Bereavement Research: Evidence-based Guidelines for the Diagnosis and Treatment of Complicated Bereavement. Journal of Palliative Medicine, vol. 9, n° 5, p. 1188-1204.

[33] Houbballah A., 1998, Destin du traumatisme, Paris, Hachette, 281 p, p. 13.

[34] Parkes C. M., 1970, The first year of bereavement: A Longitudinal Study of the Reaction of London Widows to the Death of Their Husbands, Psychiatry: Interpersonal and Biological Processes, vol. 33, Issue 4, p. 444-467.

[35] Parkes C. M., 1998, Bereavement: Studies of grief in a adult life, New York International Universities Press, p. 856-859.

[36] Parkes C. M., 1971, A historical Review of the Scientific Study of Bereavement, in M. Stoebe, R.O. Hanson, W. Stroebe & H. Schut (Eds), Handbook of Bereavement Research: Consequence, Coping and Care, p. 25-47.

[37] Bonanno G. A., 2001, Grief and Emotion: A Social-Functional Perspective. In M. Stoebe, R.O. Hanson, W. Stoebe & H. Schut (Eds). Handbook of Bereavement Research: Consequences, Coping and Care, p. 493-516. Washington, DC: American Psychological Association.

[38] Bonanno G. A., Kaltman S., 2001, The varieties of grief experience. Clinical Psychology Review, 21, p. 705-734.

[39] De Groot M. H., De Keijser J., et al., 2006, Grief Shortly After Suicide And Natural Death: A Comparative Study Among Spouses and First-Degree Relatives. Suicide and Life-Threatening Behavior, Aug; 36 (4) : 418 - 431.

[40] Barret T. W., Scott T. B., 1989, Development of the Grief Experience Questionnaire. Suicide Life Threat Behav, vol. 19, n° 2, p. 201-215.

[41] Mcintosch J. L., Kelly L. D., 1988, Survivors’ reactions: Suicide versus other causes. Communication présentée au 21ème congrès de l’American Association of Suicidology, Washington DC, 13-17 avril 1988, 29 p.

[42] Pommereau X., 2009, « Une compréhension psychopathologique mérite-t-elle d’être proposée ? Selon quels modèles ? », Conférence de consensus : Effets et conséquences du suicide sur l'entourage : modalités d'aide et de soutien », Paris, 25 et 26 novembre 2009.

[43] Vandecasteele I., Courtois L., et al., 2004, « Travail de deuil suite au suicide dans le couple : un étrange pacte traumatique ». Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale, tome VII, n° 78, p. 53 -56.

[44] Kaës R., 1993, « Le pacte dénégatif dans les ensembles trans-subjectifs », Le Négatif, figures et modalités, Paris, Dunod, coll. Inconscient et Culture, 181 p.

[45] Mcintosch J. L., Kelly L., 1988, Survivors’ reactions: Suicide versus other causes, Communication présentée au 21ème congrès de l’American Association of Suicidology, Washington DC, 13-17 avril 1988, 29 p.

[46] Cleiren M., Diekstra R., 1995, After the low: bereavement after suicide and other types of death, In: B.L. Mishara, The impact of suicide. Springer, New York, p. 7-39.

[47]Traduction : Plus récemment, Cleiren et Diekstra ont suggéré qu’il est peu probable que la symptomatologie de l’adaptation difficile du deuil, lié au suicide, soit différente des autres types de deuil, p. 31.

[48] Grado T., Zavasnik A., 1997, Suicide of a patient: gender differences in bereavement reactions of therapists, Suicide Life Threat Behav. 27 (4): 379-86.

[49] Sveen C. A., Walby F. A., 2008, Suicide survivors’ mental health and grief reactions: a systematic review of controlled studies, Suicide Life Threat Behav. 2008 Feb; 38 (1) : 13-29.

[50] Parmi les 57 personnes rencontrées, dans une situation de veuvage, ils trouvent la honte plus importante chez les personnes endeuillées après un suicide que dans les trois autres groupes d’endeuillés après accident, mort naturelle inattendue et mort naturelle attendue.

[51] Pfeffer C. R., et al., 1991, Suicidal children Grow Up: Demographic and Clinical Risk Factors for Adolescent Suicide Attempts, Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, Volume 30, Issue, 4, p. 609-616, juillet 1991.

[52] Arthur B., Kemme M- L., 1964, Bereavement in Childhood. J. Child Psychol. Psychiatry., 5:37- 49.

[53] Cain A. C., Fast I., 1972a, Children’s disturbed reactions to parent suicide: distorsions of guilt, communication and identification, Survivors of Suicide, Spingfield, IL: Charles C. Thomas.

[54] Farberow N. L., 1993, Bereavement after suicide, A.A Leenaars, ed, Suicidology: Essays in Honor of Edwin Shneidman, 337-45. Northvale, NJ:Jason Aronson.

[55] Hanus M., Sourkes B. M., 1997, Les enfants en deuil, Portraits de chagrin, Paris, Éditions Frison-Roche, 459 p. Chapitre 6 : Les adolescents en deuil, p. 283-322.

[56] Melhem N. M., Day N., et al., 2004, Traumatic Grief Among Adolescents Exposed to a Peer’s Suicide, American Journal of Psychiatry, 161:1411-1416.

[57] Weiss R. S., The attachment board in childhood and adulthood, Parkes CM; Marris P; Stevenson-Hinde J; editors Attachment across the life cycle New York Routledge, London, 1991, 66-76.

[58] Smith J., George C., 1993 March, Working models of attachment and adjustment to college: Parents, peers, and romantic partners as attachment figures. Paper presented at the biennal meeting of the Society for Research in Child Development, New Orleans, LA.

[59] Brent D A., Moritz G., 1993, Risk factors for completed suicide among adolescents with a lifetime history of substance abuse : a case-control study, vol. 53, n° 2081, p. 1578-1580.

Résumé : Vingt-cinq adolescents appartenant à la fratrie de 20 adolescents s'étant suicidés ont fait l'objet d'un examen psychiatrique six mois après l'événement et ont été comparés à 25 témoins appariés selon des critères démographiques. La première apparition d'un épisode dépressif majeur a été plus fréquente chez les adolescents dont le frère ou la sœur s'était suicidée. Ces dépressions ont été associées à des antécédents psychiatriques personnels ou familiaux et à des antécédents familiaux d'état dépressif sévère. Les états dépressifs ont été également plus fréquents 6 mois après le suicide chez les mères des adolescents s'étant suicidés que chez celles des témoins. Les auteurs de l'étude recommandent la mise au point d'un accompagnement auprès des familles des adolescents morts après suicide.

[60] Wilcox HC., et al., 2010, Maternal or Paternal Suicide and Offspring’s Psychiatric and Suicide-Attempt Hospitalization Risk, American Journal of Preventive Medicine, volume 35, Issue 6, pages 589-593, December 2008.

[61] Traduction de l'auteur : « Un amour de l'environnement de soutien et une attention particulière à tous les symptômes psychiatriques émergeants, même stressant peuvent compenser le suicide d'un parent ».

FaLang translation system by Faboba